• Aigle bleu

    Aigle bleu

    Grand sage amérindien et prophétie

    Aigle Bleu est né dans la province canadienne de la Saskatchewan. Il vit maintenant près de la ville de Québec et voyage dans bien des pays pour transmettre ses connaissances.

    Aigle Bleu est en formation depuis 1978 avec l'enseignante spirituelle de la nation Cherokee, la Ven. Dhyani Ywahoo. Il a également étudié avec Sun Bear, de la nation Chippewa et avec OhShinnah, de la nation apache. Il a aussi reçu des enseignements de Tlakaellel, de la nation aztèque, de Slow Turtle, de la nation Wampanoag, de William Commanda, de la nation Algonquine, de N'tsukw, de la nation Innu et de Tall Warrior, de la nation Mohawk.

    Il fonde en 1987, Pédagogies Autochtones, pour enseigner les principes spirituels et thérapeutiques des nations autochtones. Depuis il a enseigné dans plusieurs villes du Québec de même qu'en France, en Allemagne, en Belgique, en Autriche, en Suisse et aux États-Unis.

    En 1997, la Vén. Dhyani Ywahoo, qui est cheftaine du "Green Mountain Band of Eastern Cherokee" (Uniyunwiwa), adopte Aigle Bleu dans le clan de la patate douce de cette nation.

    En 2000 Aigle Bleu reçoit du centre de formation du Gouvernement de la Nation Indienne de l’Amérique du Nord, en collaboration avec son enseignante principale, Dhyani Ywahoo, un diplôme le reconnaissant comme « Guérisseur Spirituel ».
    En janvier 2001 Aigle Bleu commence un ministère de conseiller spirituel auprès des détenus autochtones dans une institution fédérale à sécurité maximum. Il agit comme aîné agissant et thérapeute spirituel. En 2002, il est élu représentant pour le Cercle des Aînés pour la Paix. Ce cercle est le conseil régional aviseur auprès des Services Correctionnels Canadiens qui représente les aînés amérindiens qui travaillent en milieu pénitentiaire. Il démissionne de ce travail en janvier 2003.

    En 2002 il fonde le SANCTUAIRE DU FEU SACRÉ, organisation spirituel dont la mission est de créer un centre de guérison pour les jeunes amérindiens ainsi qu'un lieu de pratique et d'enseignement des traditions Cherokee dans un cadre naturel et écologique.

    En 2003 Aigle Bleu réussis son examen pour être reconnu "Aljadohvsgi". Ce titre signifie "celui qui entend la voix de ceux qui pleurent". L'examen consiste à produire de la lumière avec son corps dans un lieu sombre. Environ 120 personnes parmi lesquels une vingtaine d'Aînés assistèrent et furent témoins de cette cérémonie.

    Aigle Bleu a écrit quatre livres sur la spiritualité et les traditions amérindiennes. En 1985, il écrit le livre "L'Héritage spirituel des Amérindiens" aux Éditions de Mortagne. En 1992, il rédige le livre "Le cristal en thérapie dans la tradition amérindienne" publié chez Guy St-Jean, éditeur. La même année, ce volume est traduit en allemand et en anglais. En 1999, il écrit le volume "Le Sentier de la Beauté - Cérémonies amérindiennes" publié par les Productions Orphée. En 2003 il produit un petit fascicule "Sons et fragrances pour la santé;Aromathérapie et musicothérapie amérindienne".

    Aigle Bleu a aussi enregistré plusieurs disques de musique amérindienne. En 1992, il produit à son compte une première cassette de chants traditionnels, "Chants autochtones de l'Isle Tortue". En 1997, il enregistre "Healing Harmonies", disque de musique traditionnelle et thérapeutique en collaboration avec Dhyani Ywahoo. Également en 1997, il compose et enregistre "Medecine Music; Words of Light", deux disques de 45 minutes accompagnés d'un court livret de quarante pages pour la compagnie de production Polygram en Allemagne. Depuis, il a produit d'autres enregistrements disponibles internationalement, soit le disque compact "Spirit Songs", "Tambours de la Terre Mère", "Mystères", "Sons du ciel", "Chants traditionnels Amérindiens" et "Chants du Cygne".

     

     

     

     

     

     

     

    prophétie cherokee

    INTERWIUW d'aigle bleu

     


    Question : « Depuis un certain nombre d’années, beaucoup d’Indiens d’Amérique viennent en Europe. Pourquoi ? Quel est leur message, leur mission ? »

    Aigle Bleu : « C’est une longue histoire. Nos prophéties nous disaient qu’un jour nous ferions cela. Cinq cents ans avant la venue des Européens, il y eut une grande rencontre dans le nord du Mexique. Tous les hommes-médecine, les chamans, les sages des différentes nations y avaient été conviés pour élaborer une prophétie commune à partir des songes et visions qu’ils avaient commencé à avoir. Cette prophétie annonçait l’arrivée d’un homme étrange, couvert de poils, qui voyagerait sur une coque de noix poussée par une aile d’oiseau. A son arrivée deux choses étaient possibles : soit il écouterait la voix des premières nations et il y aurait de la place pour tout le monde, soit il ne l’écouterait pas et le peuple indien serait détruit comme un arbre qu’on coupe au ras du sol et resterait mort dans la poussière pendant plus de cinq générations. Au bout de ce temps viendrait un moment où les fils et les filles de l’homme étrange qui marchait dans la confusion se mettraient à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Ce serait le signe que serait venu le temps de recommencer à partager ouvertement nos enseignements. La décision avait en effet été prise, pour protéger les enseignements spirituels, de les garder secrets dans une famille choisie à l’intérieur de chaque clan, groupe ou nation.


    Question : « La prophétie ne disait-elle pas que l’homme étrange choisirait la voie de la destruction ? »

    Aigle Bleu : « Elle le prévoyait, mais il ne faut jamais geler une prophétie, il faut toujours laisser une porte ouverte à quelque chose de positif. Toutes nos prophéties sont fignolées comme cela. La destruction a été effroyable, même dès les premiers contacts. 90% de la population a été décimée. Par avarice, les Européens ont relégué les autochtones dans les lieux les plus inhospitaliers et ont mis en place des politiques de génocide qui continuent encore de nos jours. En 1967 est parti de San Francisco le mouvement "hippy" ; les jeunes ont commencé à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Le signal était donné, les familles gardiennes des secrets, qui vivaient cachées dans les montagnes ou les forêts depuis l’arrivée des Européens, ont commencé à repartager leurs enseignements, et notamment avec ces jeunes intéressés par les voies alternatives.

    En 1969 le premier vaisseau spatial habité alunissait, il s’appelait Eagle One ; c’était le deuxième signe, la transformation planétaire commençait, il nous fallait partager nos enseignements pour limiter l’impact de cette purification. La confusion dans laquelle nous vivons est en effet extrême, elle affecte l'ensemble la planète et la destruction peut être totale. Notre objectif est la création d’un réseau de Lumière pour maintenir une cohérence pendant la purification, afin que celle-ci n’aille pas jusqu’à la destruction totale. Depuis 1969 nous voyons bien les signes de cette purification, les catastrophes naturelles notamment, dont les canicules que vous avez commencé à subir. Ces phénomènes sont inéluctables, ils vont augmenter progressivement. La planète, qui pour les Indiens est un être vivant, a besoin de se purifier, il y aura un gros ménage à faire. Il y a des lueurs d’espoir, le peuple indien connaît des façons de purifier la planète au complet, mais notre voix n’est pas écoutée, autrement que par une petite minorité. C’est la raison pour laquelle nous venons enseigner ici aussi. »


    Question : « Comment cela se passe-t-il concrètement, qu’enseignez-vous ? »

    Aigle Bleu : « Nous avons une pratique spirituelle assez développée, certaines nations nous appellent même "les techniciens du spirituel". Nos pratiques de base sont la pratique de la visualisation, des danses et chants sacrés, des offrandes, des rituels, de la méditation. Nous avons adapté des formes spirituelles de base pour que vous puissiez les pratiquer. Lorsque les personnes pratiquent, leur niveau perceptuel augmente et elles deviennent plus aptes à comprendre les messages qui sont donnés par la Nature autour d’elles, à se reconnecter à leur essence, leurs instructions originelles, leurs ancêtres, et avoir accès aux enseignements propres à leur territoire ; car ces enseignements sont toujours là, disponibles, le savoir est là.

    Dans les formations données en Europe, on cherche en premier à mettre en place les bases pour que la personne puisse comprendre dans quel monde elle vit et pourquoi le monde est ainsi, qu’elle puisse comprendre que ce n’est pas un modèle absolu, et que les peuples autochtones, quel que soit leur pays, ont une approche différente. Pour tous ces peuples et quelles que soient les différences de forme dans l’expression, le système de valeurs est le même : partage, communauté, interrelation intime avec toutes les formes de vie sur Terre, possibilité et nécessité de communiquer avec toutes ces formes de vie, sur Terre et au-delà… Beaucoup des premiers colons se sont d’ailleurs laissés séduire par le mode de vie autochtone, c’étaient les « coureurs des bois ».


    Question : « Pour éviter le sentiment de culpabilité qu’un Occidental pourrait ressentir à vous écouter, n’y aurait-il pas, dans ce que vous décrivez, une fatalité, un destin ? D’autres traditions évoquent aussi ce qu’on pourrait appeler une descente de cycle, processus inévitable à toute renaissance ? »

    Aigle Bleu : « La notion de culpabilité est quelque chose d’installé par la tradition judéo-chrétienne et qui sert à contrôler le peuple. Cela n’existe pas dans notre façon de fonctionner. Lorsque les gens font des erreurs, ils prennent la responsabilité de ce qu’ils ont fait, ils font amende honorable et ils paient, ils changent, ils changent aussi la situation, ils ont alors une part active, ils apportent des correctifs. Il n’y a pas place pour la culpabilité, il y a place pour la responsabilisation. Que cette évolution du monde ait été inéluctable, je ne le pense pas. La conscience d’un être humain peut toujours se transformer, on n’est jamais astreint à être dans l’obscurité et dans l’ignorance. Chacun, à chaque moment de sa vie, peut choisir la Lumière, la Connaissance, la Vérité, l’Harmonie, l’Amour. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une telle multiplication des forces de l’Obscurité qu’elles sont en train de détruire tout, jusqu’au tissu intérieur de l’être humain. Mais je ne pense pas que c’est inéluctable, c’est un choix. Le regarder comme une fatalité, c’est encore une façon de s’en sauver, ça ne guérit rien. Pour pouvoir apporter des correctifs, il faut comprendre la responsabilité que chaque être a dans l’état du monde dans lequel nous vivons. On fait partie du problème ou on fait partie de la solution, on ne peut pas être entre les deux. »


    Question : « De nos jours, en Occident, on sent les prémices d’un changement, de plus en plus de gens s’intéressent au devenir de la planète et sont prêts à changer. Qu’est-ce qui manque aux Occidentaux pour réussir ? »

    Aigle Bleu : « Premièrement, la pratique spirituelle. Dans notre vision de l’être humain, la pratique spirituelle est ce qui définit l’homme. Un être humain sans pratique spirituelle, ce n’est pas un être humain, c’est un être inférieur aux animaux, aux plantes, qui eux, ont une pratique spirituelle ; ils font toujours la volonté du Créateur, ils ne dévient pas de la voie que le Créateur a inscrite en eux par les instructions originelles. L’homme a cette possibilité de choisir de marcher sur une voie qui n’est pas bonne, c’est pour cela qu’il doit discipliner son esprit pour faire le bon choix, et cette discipline, nous l’appelons pratique spirituelle. Beaucoup de gens, ou bien n’ont pas de pratique spirituelle, ou en ont qui ne sont pas efficaces, qui sont basées sur des croyances. Nous n’avons jamais fonctionné avec des croyances, c’est la connaissance qui est importante. Quand on sait quelque chose, on est
    inébranlable, alors qu’on peut toujours perdre la foi.

     

     

     


    La pratique spirituelle est ce qui définit l'homme.



    Je commence toujours mes conférences par ces mots : « Ne croyez rien de ce que je vous dis, vérifiez, vérifiez… » C’est pourquoi la pratique spirituelle est essentielle, parce qu’il faut faire l’expérience. Un de mes Maîtres disait : « Ne me parle pas d’une philosophie qui n’enseigne pas comment faire pousser le maïs. » Il voulait dire qu’il faut que cela puisse être mis en pratique dans le quotidien. Ta spiritualité doit être appliquée dans le travail, dans ta relation à l’autre, dans ta façon de faire l’amour, dans tout, sans quoi ce n’est pas une philosophie holistique. La spiritualité doit donner des réponses dans ta vie, alors tu sais qu’elle est vraie et elle devient une connaissance. La première chose qui manque ici, c’est cette connaissance qui naît de la pratique. La deuxième chose qui manque, c’est le courage de l’appliquer. Les gens ont peur. Quand ils réalisent à quel point on a détruit la planète, à quel point on est dans l’erreur, la somme de travail à faire les décourage complètement. La culpabilité, pour y revenir, fige tout, plus rien ne bouge, tu ne sais plus quoi faire, c’est comme si tout ton être était inadéquat. Mais nous sommes tous parfaits, nous sommes des images du divin. Une fois qu’on a vu, qu’on a compris, il faut avoir le courage d’avancer. Dans nos cultures, le courage était enseigné. »


    Question : « Vous avez dit que, par la pratique spirituelle, les perceptions s’affinaient et que nous pouvions nous reconnecter alors avec les forces vives de notre famille d’origine, que nos ancêtres étaient toujours là pour nous, porteurs de messages. Vous avez eu l’expérience de cela ? »

    Aigle Bleu : « Oui, c’est arrivé lors d’un voyage en Allemagne. J’avais été invité à visiter l’Université de Zegg. Les organisateurs avaient érigé une grande tente à l’extérieur pour les repas. Lors d’un repas, j’ai vu entrer une forme subtile avec une tunique blanche et une grande barbe. Il est arrivé directement sur moi et a exprimé le désir de me parler. En plein repas, je ne pouvais pas, j’étais là à regarder dans les airs alors que les autres me parlaient. Je lui ai donné rendez-vous dans le parc. A peine étais-je sorti qu’il arriva. Je l’ai fait patienter, le temps de me mettre dans l’attitude juste pour l’écouter et le comprendre. L’ancêtre m’a alors expliqué qu’il portait depuis des siècles l’enseignement lié à ce lieu pour qu’il ne se perde pas et que, pour la première fois, il y avait une communauté réunie là à qui il pouvait le transmettre, car les enseignements ne peuvent se transmettre qu’à une communauté susceptible de les mettre en pratique, selon le mode de vie traditionnel autochtone.

    Mais, ajouta-t-il, personne ne semblait le voir et il comptait sur moi. Cela n’a pas été une mince affaire. Les gens réunis là n’étaient pas nécessairement dans un cheminement spirituel, ils faisaient des expériences sociales. Ils ont cependant accepté de rencontrer l’ancêtre. Je les ai emmenés à l’extérieur et j’ai fait la cérémonie que m’avait indiquée l’ancêtre. Pour lui, et les siens, l’offrande consistait à verser du miel sur une feuille de bouleau. C’est devenu logique par la suite pour moi, quand j’ai compris que tout le symbolisme européen est basé sur les fleurs, alors que le nôtre est basé sur les animaux. Sur les quarante personnes présentes, trente-neuf ont ressenti quelque chose, à des niveaux différents, de la simple perception d’une présence à la perception d’informations sur diverses choses. L’information est là, inscrite dans les arbres, dans les pierres, partout dans la terre. Les principes spirituels de base sont disponibles, c’est simple ; c’est de les mettre en pratique qui ne l’est pas. Les gens ont tous subi un lessivage de cerveau depuis la naissance pour les empêcher d’être autonomes parce que les pouvoirs en place ont intérêt à ce qu’ils ne le soient pas. Les gens autonomes deviendraient objecteurs de conscience, ils n’achèteraient plus le système. C’est l’asservissement de l’espèce humaine qui est recherchée par ce système. »

     

     




    Question : « Ce système, que vous évoquez, est un système organisé par des hommes. On a peine à imaginer autant de noirceur dans le cœur d’êtres humains… »

    Aigle Bleu : « Mais c’est en nous. Il est important de voir que c’est à l’intérieur de nous que cela se joue aussi. En voulant ignorer la noirceur que l’on porte à l’intérieur de soi, on lui donne libre jeu. Il faut se confronter à l’ombre qui est en nous. Nous avons une pratique pour cela, une façon d’amener chaque être humain à vraiment comprendre qui il est véritablement, à faire face à cela, à l’intégrer. L’ombre fait partie de tous les êtres humains et en voulant l’ignorer tu lui donnes libre jeu de te manipuler, et alors tu es vite charrié par tes émotions, tes conditionnements, et tu es manipulé par ce que tu n’as pas voulu regarder. »


    Question : « Nous avons la possibilité de nous reconnecter avec notre "famille d’origine", avez-vous dit. S’agit-il pour nous des Celtes et des druides ? »

    Aigle Bleu : « Peu importe de quelle nation ils sont. Il faut être conscient que nous construisons présentement ce que mon peuple appelait, dans la prophétie, « le Pont de l’Arc-en-Ciel », qui mène à la création de la nation Arc-en-Ciel, qui est formée par les quatre couleurs de l’humanité, qui se mélangent et qui constituent une humanité unique. D’après notre compréhension, toutes les spiritualités du monde vont se fondre ensemble et en former une nouvelle qui tire le meilleur de tous les différents aspects de chacune, pour qu’il y ait une
    seule conscience d’humanité, chacune bien sûr conservant son identité propre pour ce qui est des rites et des traditions culturelles… La philosophie de base, ainsi que certaines techniques bonnes pour tous, seront les mêmes partout. Il y a vraiment une évolution très puissante qui prend place pour l’humanité présentement et cela se conçoit par la fusion de toutes les formes spirituelles que porte la Terre, sans que cela d’ailleurs aboutisse à la confusion. C’est encore à faire, mais nous sommes arrivés au pied du pont ! »


    Question : « Vous avez dit que la transmission passait obligatoirement par une communauté. Nous sommes relativement peu dans cet état d’esprit en Europe. Comment cela pourra-t-il se passer ? »

    Aigle Bleu : « Chaque fois qu’il y a un stage, une communauté spirituelle s’instaure. On peut renforcer le processus par des pratiques, les gens vivent là des choses intenses, des expériences, il se dégage beaucoup de chaleur humaine lors des ateliers de pratique. Une fois qu’on a goûté à cela, le quotidien semble bien morne et terne. La société, la civilisation telles que nous les connaissons doivent disparaître, parce que ce sont des formes qui abêtissent et asservissent l’homme. Les pouvoirs en place cherchent consciemment à décourager les gens de vivre cela au moyen d’une propagande très bien organisée, par exemple contre les sectes, pour que les gens aient peur de la notion communautaire. Mais dès que les gens en ont fait par eux-mêmes l’expérience il n’y a plus besoin d’explication, c’est ressenti de l’intérieur. Il faudra aussi en arriver à l’établissement de véritables communautés. Personne ne peut avoir une activité assez développée pour fournir tout ce dont il a besoin pour vivre, que ce soit les aliments, les vêtements ou l’habitation. Il faut un noyau de personnes pour produire tous ces fruits-là, mais il faut les produire directement de la nature. Pour nous, c’est une des conditions qui mènent à la santé parfaite.

    Ton activité quotidienne doit avoir un rapport direct avec la manière dont tu te nourris, tu t’habilles, tu t’abrites. Il ne faut pas que des personnes que tu ne connais pas, et qui n’ont avec toi qu’une relation économique, te fournissent ces biens-là, parce qu’alors cela devient anonyme et complètement dévitalisé. S’il n’y a pas de rapport entre la vie que les gens mènent et ce qu’ils mangent le soir, s’il n’y a pas de relation entre ce qu’ils font dans la journée et la maison dans laquelle ils dorment, ils sont comme aliénés de leur propre environnement, il leur manque des liens. C’est ce qui fait que les gens sont de plus en plus des automates. Dans les grandes villes, dans les transports en commun, ça saute aux yeux, il y a beaucoup de carcasses, mais il n’y a personne dedans. Les gens sont ailleurs, ils ne sont pas là. Ils sont dans la musique dans leurs oreilles. Tu leur dis bonjour et ils te regardent comme si tu étais un extraterrestre. Le mode de vie autochtone est très simple, les besoins ne sont pas compliqués. Les gens, dans les nations autochtones, travaillent trois à quatre heures par jour, et c’est suffisant. Aujourd’hui les gens courent du matin au soir et on appelle cela le progrès ! »

     




    Question : « Peut-on faire marche arrière vers ce mode de vie simple, renoncer à toute la technologie, à sa sophistication qui nous éloigne du mode de vie communautaire ? »

    Aigle Bleu : « La technologie est utile dans la mesure où elle va servir l’épanouissement spirituel de l’être humain, mais elle n’est pas nécessaire dans la vie quotidienne. Elle peut être importante par exemple pour emmagasiner la connaissance, pour permettre la communication entre les différentes communautés, pour créer le réseau de lumière qui va permettre à l’humanité de fonctionner comme une seule entité, pour dépasser les limites planétaires également et nous relier à plus vaste. A ce niveau, c’est une technologie intéressante. De plus, elle ne devrait être disponible que pour ceux qui ont démontré, par leurs activités, qu’ils sont en mesure de l’utiliser pour le plus grand bien de tous. Si on vit dans la nature, on n’a pas besoin de toute cette technologie, on n’a pas besoin non plus de travailler aussi fort. De toute façon, les hommes y reviendront parce qu’ils n’auront pas le choix. Il en va de leur survie. Sur tous les continents il y a des peuples autochtones qui vivent de cette manière. Tant qu’ils ne sont pas découverts, ils poursuivent leur mode de vie parce que c’est intéressant, chaleureux, parce que c’est une liberté totale, dont les gens n’ont même plus idée maintenant.

    Cela fait cent mille ans qu’ils vivent ainsi, tandis que les civilisations sont beaucoup plus récentes et connaissent toutes le même sort : dominer la nature ou les hommes, accumuler des biens matériels qui donnent du pouvoir pour accumuler encore plus de biens qui donnent encore plus de pouvoir et ainsi de suite jusqu’à ce que la classe dirigeante, ne sachant plus que faire de ses richesses, dégénère et que la civilisation disparaisse. Les peuples autochtones n’éprouvent pas le besoin de dominer. Un cercle politique y prend les décisions par consensus, parce que tous ont le sentiment d’être unis, une place est même laissée aux animaux, aux plantes et aux pierres et, dans les décisions prises, on prend en compte l’ensemble de ceux avec qui la Terre est partagée. La prise en charge des adolescents est faite de telle sorte qu’ils s’épanouissent. Les garçons sont initiés à dominer leur part d’ombre et à la pacifier, à interroger l’univers pour en apprendre leur mission, leur « médecine », à discipliner leur corps, leurs émotions, ils deviennent des adultes aux dons uniques, avec une connaissance de soi qui ne pourra jamais être effacée. Les filles, au moment de leurs premières « lunes » sont considérées comme des personnifications de la déesse mère, ce sont elles qui transmettent les bénédictions de la Mère divine, on vient les voir, les toucher, leur féminité est sacrée. Tout cela vous a été enlevé. Ce n’est pas de parler aux animaux, aux plantes ou aux éléments qui est surnaturel. Ce qui est surnaturel, c’est la façon dont on vit aujourd’hui. Tout ce qui était sain, vrai, honnête, vous a été enlevé. Les peuples autochtones viennent vous rappeler à votre humanité. »

     

    Texte paru dans la revue "Terre du Ciel" n° 66
    Propos recueillis par Anne de Grossouvre
    ÈRE NOUVELLE – Juin 2007

     


    Question : « Depuis un certain nombre d’années, beaucoup d’Indiens d’Amérique viennent en Europe. Pourquoi ? Quel est leur message, leur mission ? »

    Aigle Bleu : « C’est une longue histoire. Nos prophéties nous disaient qu’un jour nous ferions cela. Cinq cents ans avant la venue des Européens, il y eut une grande rencontre dans le nord du Mexique. Tous les hommes-médecine, les chamans, les sages des différentes nations y avaient été conviés pour élaborer une prophétie commune à partir des songes et visions qu’ils avaient commencé à avoir. Cette prophétie annonçait l’arrivée d’un homme étrange, couvert de poils, qui voyagerait sur une coque de noix poussée par une aile d’oiseau. A son arrivée deux choses étaient possibles : soit il écouterait la voix des premières nations et il y aurait de la place pour tout le monde, soit il ne l’écouterait pas et le peuple indien serait détruit comme un arbre qu’on coupe au ras du sol et resterait mort dans la poussière pendant plus de cinq générations. Au bout de ce temps viendrait un moment où les fils et les filles de l’homme étrange qui marchait dans la confusion se mettraient à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Ce serait le signe que serait venu le temps de recommencer à partager ouvertement nos enseignements. La décision avait en effet été prise, pour protéger les enseignements spirituels, de les garder secrets dans une famille choisie à l’intérieur de chaque clan, groupe ou nation.


    Question : « La prophétie ne disait-elle pas que l’homme étrange choisirait la voie de la destruction ? »

    Aigle Bleu : « Elle le prévoyait, mais il ne faut jamais geler une prophétie, il faut toujours laisser une porte ouverte à quelque chose de positif. Toutes nos prophéties sont fignolées comme cela. La destruction a été effroyable, même dès les premiers contacts. 90% de la population a été décimée. Par avarice, les Européens ont relégué les autochtones dans les lieux les plus inhospitaliers et ont mis en place des politiques de génocide qui continuent encore de nos jours. En 1967 est parti de San Francisco le mouvement "hippy" ; les jeunes ont commencé à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Le signal était donné, les familles gardiennes des secrets, qui vivaient cachées dans les montagnes ou les forêts depuis l’arrivée des Européens, ont commencé à repartager leurs enseignements, et notamment avec ces jeunes intéressés par les voies alternatives.

    En 1969 le premier vaisseau spatial habité alunissait, il s’appelait Eagle One ; c’était le deuxième signe, la transformation planétaire commençait, il nous fallait partager nos enseignements pour limiter l’impact de cette purification. La confusion dans laquelle nous vivons est en effet extrême, elle affecte l'ensemble la planète et la destruction peut être totale. Notre objectif est la création d’un réseau de Lumière pour maintenir une cohérence pendant la purification, afin que celle-ci n’aille pas jusqu’à la destruction totale. Depuis 1969 nous voyons bien les signes de cette purification, les catastrophes naturelles notamment, dont les canicules que vous avez commencé à subir. Ces phénomènes sont inéluctables, ils vont augmenter progressivement. La planète, qui pour les Indiens est un être vivant, a besoin de se purifier, il y aura un gros ménage à faire. Il y a des lueurs d’espoir, le peuple indien connaît des façons de purifier la planète au complet, mais notre voix n’est pas écoutée, autrement que par une petite minorité. C’est la raison pour laquelle nous venons enseigner ici aussi. »


    Question : « Comment cela se passe-t-il concrètement, qu’enseignez-vous ? »

    Aigle Bleu : « Nous avons une pratique spirituelle assez développée, certaines nations nous appellent même "les techniciens du spirituel". Nos pratiques de base sont la pratique de la visualisation, des danses et chants sacrés, des offrandes, des rituels, de la méditation. Nous avons adapté des formes spirituelles de base pour que vous puissiez les pratiquer. Lorsque les personnes pratiquent, leur niveau perceptuel augmente et elles deviennent plus aptes à comprendre les messages qui sont donnés par la Nature autour d’elles, à se reconnecter à leur essence, leurs instructions originelles, leurs ancêtres, et avoir accès aux enseignements propres à leur territoire ; car ces enseignements sont toujours là, disponibles, le savoir est là.

    Dans les formations données en Europe, on cherche en premier à mettre en place les bases pour que la personne puisse comprendre dans quel monde elle vit et pourquoi le monde est ainsi, qu’elle puisse comprendre que ce n’est pas un modèle absolu, et que les peuples autochtones, quel que soit leur pays, ont une approche différente. Pour tous ces peuples et quelles que soient les différences de forme dans l’expression, le système de valeurs est le même : partage, communauté, interrelation intime avec toutes les formes de vie sur Terre, possibilité et nécessité de communiquer avec toutes ces formes de vie, sur Terre et au-delà… Beaucoup des premiers colons se sont d’ailleurs laissés séduire par le mode de vie autochtone, c’étaient les « coureurs des bois ».


    Question : « Pour éviter le sentiment de culpabilité qu’un Occidental pourrait ressentir à vous écouter, n’y aurait-il pas, dans ce que vous décrivez, une fatalité, un destin ? D’autres traditions évoquent aussi ce qu’on pourrait appeler une descente de cycle, processus inévitable à toute renaissance ? »

    Aigle Bleu : « La notion de culpabilité est quelque chose d’installé par la tradition judéo-chrétienne et qui sert à contrôler le peuple. Cela n’existe pas dans notre façon de fonctionner. Lorsque les gens font des erreurs, ils prennent la responsabilité de ce qu’ils ont fait, ils font amende honorable et ils paient, ils changent, ils changent aussi la situation, ils ont alors une part active, ils apportent des correctifs. Il n’y a pas place pour la culpabilité, il y a place pour la responsabilisation. Que cette évolution du monde ait été inéluctable, je ne le pense pas. La conscience d’un être humain peut toujours se transformer, on n’est jamais astreint à être dans l’obscurité et dans l’ignorance. Chacun, à chaque moment de sa vie, peut choisir la Lumière, la Connaissance, la Vérité, l’Harmonie, l’Amour. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une telle multiplication des forces de l’Obscurité qu’elles sont en train de détruire tout, jusqu’au tissu intérieur de l’être humain. Mais je ne pense pas que c’est inéluctable, c’est un choix. Le regarder comme une fatalité, c’est encore une façon de s’en sauver, ça ne guérit rien. Pour pouvoir apporter des correctifs, il faut comprendre la responsabilité que chaque être a dans l’état du monde dans lequel nous vivons. On fait partie du problème ou on fait partie de la solution, on ne peut pas être entre les deux. »


    Question : « De nos jours, en Occident, on sent les prémices d’un changement, de plus en plus de gens s’intéressent au devenir de la planète et sont prêts à changer. Qu’est-ce qui manque aux Occidentaux pour réussir ? »

    Aigle Bleu : « Premièrement, la pratique spirituelle. Dans notre vision de l’être humain, la pratique spirituelle est ce qui définit l’homme. Un être humain sans pratique spirituelle, ce n’est pas un être humain, c’est un être inférieur aux animaux, aux plantes, qui eux, ont une pratique spirituelle ; ils font toujours la volonté du Créateur, ils ne dévient pas de la voie que le Créateur a inscrite en eux par les instructions originelles. L’homme a cette possibilité de choisir de marcher sur une voie qui n’est pas bonne, c’est pour cela qu’il doit discipliner son esprit pour faire le bon choix, et cette discipline, nous l’appelons pratique spirituelle. Beaucoup de gens, ou bien n’ont pas de pratique spirituelle, ou en ont qui ne sont pas efficaces, qui sont basées sur des croyances. Nous n’avons jamais fonctionné avec des croyances, c’est la connaissance qui est importante. Quand on sait quelque chose, on est
    inébranlable, alors qu’on peut toujours perdre la foi.


    La pratique spirituelle est ce qui définit l'homme.

     

    Je commence toujours mes conférences par ces mots : « Ne croyez rien de ce que je vous dis, vérifiez, vérifiez… » C’est pourquoi la pratique spirituelle est essentielle, parce qu’il faut faire l’expérience. Un de mes Maîtres disait : « Ne me parle pas d’une philosophie qui n’enseigne pas comment faire pousser le maïs. » Il voulait dire qu’il faut que cela puisse être mis en pratique dans le quotidien. Ta spiritualité doit être appliquée dans le travail, dans ta relation à l’autre, dans ta façon de faire l’amour, dans tout, sans quoi ce n’est pas une philosophie holistique. La spiritualité doit donner des réponses dans ta vie, alors tu sais qu’elle est vraie et elle devient une connaissance. La première chose qui manque ici, c’est cette connaissance qui naît de la pratique. La deuxième chose qui manque, c’est le courage de l’appliquer. Les gens ont peur. Quand ils réalisent à quel point on a détruit la planète, à quel point on est dans l’erreur, la somme de travail à faire les décourage complètement. La culpabilité, pour y revenir, fige tout, plus rien ne bouge, tu ne sais plus quoi faire, c’est comme si tout ton être était inadéquat. Mais nous sommes tous parfaits, nous sommes des images du divin. Une fois qu’on a vu, qu’on a compris, il faut avoir le courage d’avancer. Dans nos cultures, le courage était enseigné. »




    Question :

    « Vous avez dit que, par la pratique spirituelle, les perceptions s’affinaient et que nous pouvions nous reconnecter alors avec les forces vives de notre famille d’origine, que nos ancêtres étaient toujours là pour nous, porteurs de messages. Vous avez eu l’expérience de cela ? »



    Aigle Bleu :

    « Oui, c’est arrivé lors d’un voyage en Allemagne. J’avais été invité à visiter l’Université de Zegg. Les organisateurs avaient érigé une grande tente à l’extérieur pour les repas. Lors d’un repas, j’ai vu entrer une forme subtile avec une tunique blanche et une grande barbe. Il est arrivé directement sur moi et a exprimé le désir de me parler. En plein repas, je ne pouvais pas, j’étais là à regarder dans les airs alors que les autres me parlaient. Je lui ai donné rendez-vous dans le parc. A peine étais-je sorti qu’il arriva. Je l’ai fait patienter, le temps de me mettre dans l’attitude juste pour l’écouter et le comprendre. L’ancêtre m’a alors expliqué qu’il portait depuis des siècles l’enseignement lié à ce lieu pour qu’il ne se perde pas et que, pour la première fois, il y avait une communauté réunie là à qui il pouvait le transmettre, car les enseignements ne peuvent se transmettre qu’à une communauté susceptible de les mettre en pratique, selon le mode de vie traditionnel autochtone.

     

    Mais, ajouta-t-il, personne ne semblait le voir et il comptait sur moi. Cela n’a pas été une mince affaire. Les gens réunis là n’étaient pas nécessairement dans un cheminement spirituel, ils faisaient des expériences sociales. Ils ont cependant accepté de rencontrer l’ancêtre. Je les ai emmenés à l’extérieur et j’ai fait la cérémonie que m’avait indiquée l’ancêtre. Pour lui, et les siens, l’offrande consistait à verser du miel sur une feuille de bouleau. C’est devenu logique par la suite pour moi, quand j’ai compris que tout le symbolisme européen est basé sur les fleurs, alors que le nôtre est basé sur les animaux. Sur les quarante personnes présentes, trente-neuf ont ressenti quelque chose, à des niveaux différents, de la simple perception d’une présence à la perception d’informations sur diverses choses. L’information est là, inscrite dans les arbres, dans les pierres, partout dans la terre. Les principes spirituels de base sont disponibles, c’est simple ; c’est de les mettre en pratique qui ne l’est pas. Les gens ont tous subi un lessivage de cerveau depuis la naissance pour les empêcher d’être autonomes parce que les pouvoirs en place ont intérêt à ce qu’ils ne le soient pas. Les gens autonomes deviendraient objecteurs de conscience, ils n’achèteraient plus le système. C’est l’asservissement de l’espèce humaine qui est recherchée par ce système. »

     




    Question :

    « Ce système, que vous évoquez, est un système organisé par des hommes. On a peine à imaginer autant de noirceur dans le cœur d’êtres humains… »



    Aigle Bleu :

    « Mais c’est en nous. Il est important de voir que c’est à l’intérieur de nous que cela se joue aussi. En voulant ignorer la noirceur que l’on porte à l’intérieur de soi, on lui donne libre jeu. Il faut se confronter à l’ombre qui est en nous. Nous avons une pratique pour cela, une façon d’amener chaque être humain à vraiment comprendre qui il est véritablement, à faire face à cela, à l’intégrer. L’ombre fait partie de tous les êtres humains et en voulant l’ignorer tu lui donnes libre jeu de te manipuler, et alors tu es vite charrié par tes émotions, tes conditionnements, et tu es manipulé par ce que tu n’as pas voulu regarder. »




    Question :

    « Nous avons la possibilité de nous reconnecter avec notre "famille d’origine", avez-vous dit. S’agit-il pour nous des Celtes et des druides ? »



    Aigle Bleu :

    « Peu importe de quelle nation ils sont. Il faut être conscient que nous construisons présentement ce que mon peuple appelait, dans la prophétie, « le Pont de l’Arc-en-Ciel », qui mène à la création de la nation Arc-en-Ciel, qui est formée par les quatre couleurs de l’humanité, qui se mélangent et qui constituent une humanité unique. D’après notre compréhension, toutes les spiritualités du monde vont se fondre ensemble et en former une nouvelle qui tire le meilleur de tous les différents aspects de chacune, pour qu’il y ait une

     

    seule conscience d’humanité, chacune bien sûr conservant son identité propre pour ce qui est des rites et des traditions culturelles… La philosophie de base, ainsi que certaines techniques bonnes pour tous, seront les mêmes partout. Il y a vraiment une évolution très puissante qui prend place pour l’humanité présentement et cela se conçoit par la fusion de toutes les formes spirituelles que porte la Terre, sans que cela d’ailleurs aboutisse à la confusion. C’est encore à faire, mais nous sommes arrivés au pied du pont ! »




    Question :

    « Vous avez dit que la transmission passait obligatoirement par une communauté. Nous sommes relativement peu dans cet état d’esprit en Europe. Comment cela pourra-t-il se passer ? »



    Aigle Bleu :

    « Chaque fois qu’il y a un stage, une communauté spirituelle s’instaure. On peut renforcer le processus par des pratiques, les gens vivent là des choses intenses, des expériences, il se dégage beaucoup de chaleur humaine lors des ateliers de pratique. Une fois qu’on a goûté à cela, le quotidien semble bien morne et terne. La société, la civilisation telles que nous les connaissons doivent disparaître, parce que ce sont des formes qui abêtissent et asservissent l’homme. Les pouvoirs en place cherchent consciemment à décourager les gens de vivre cela au moyen d’une propagande très bien organisée, par exemple contre les sectes, pour que les gens aient peur de la notion communautaire. Mais dès que les gens en ont fait par eux-mêmes l’expérience il n’y a plus besoin d’explication, c’est ressenti de l’intérieur. Il faudra aussi en arriver à l’établissement de véritables communautés. Personne ne peut avoir une activité assez développée pour fournir tout ce dont il a besoin pour vivre, que ce soit les aliments, les vêtements ou l’habitation. Il faut un noyau de personnes pour produire tous ces fruits-là, mais il faut les produire directement de la nature. Pour nous, c’est une des conditions qui mènent à la santé parfaite.

     

    Ton activité quotidienne doit avoir un rapport direct avec la manière dont tu te nourris, tu t’habilles, tu t’abrites. Il ne faut pas que des personnes que tu ne connais pas, et qui n’ont avec toi qu’une relation économique, te fournissent ces biens-là, parce qu’alors cela devient anonyme et complètement dévitalisé. S’il n’y a pas de rapport entre la vie que les gens mènent et ce qu’ils mangent le soir, s’il n’y a pas de relation entre ce qu’ils font dans la journée et la maison dans laquelle ils dorment, ils sont comme aliénés de leur propre environnement, il leur manque des liens. C’est ce qui fait que les gens sont de plus en plus des automates. Dans les grandes villes, dans les transports en commun, ça saute aux yeux, il y a beaucoup de carcasses, mais il n’y a personne dedans. Les gens sont ailleurs, ils ne sont pas là. Ils sont dans la musique dans leurs oreilles. Tu leur dis bonjour et ils te regardent comme si tu étais un extraterrestre. Le mode de vie autochtone est très simple, les besoins ne sont pas compliqués. Les gens, dans les nations autochtones, travaillent trois à quatre heures par jour, et c’est suffisant. Aujourd’hui les gens courent du matin au soir et on appelle cela le progrès ! »

     




    Question :

    « Peut-on faire marche arrière vers ce mode de vie simple, renoncer à toute la technologie, à sa sophistication qui nous éloigne du mode de vie communautaire ? »



    Aigle Bleu :

    « La technologie est utile dans la mesure où elle va servir l’épanouissement spirituel de l’être humain, mais elle n’est pas nécessaire dans la vie quotidienne. Elle peut être importante par exemple pour emmagasiner la connaissance, pour permettre la communication entre les différentes communautés, pour créer le réseau de lumière qui va permettre à l’humanité de fonctionner comme une seule entité, pour dépasser les limites planétaires également et nous relier à plus vaste. A ce niveau, c’est une technologie intéressante. De plus, elle ne devrait être disponible que pour ceux qui ont démontré, par leurs activités, qu’ils sont en mesure de l’utiliser pour le plus grand bien de tous. Si on vit dans la nature, on n’a pas besoin de toute cette technologie, on n’a pas besoin non plus de travailler aussi fort. De toute façon, les hommes y reviendront parce qu’ils n’auront pas le choix. Il en va de leur survie. Sur tous les continents il y a des peuples autochtones qui vivent de cette manière. Tant qu’ils ne sont pas découverts, ils poursuivent leur mode de vie parce que c’est intéressant, chaleureux, parce que c’est une liberté totale, dont les gens n’ont même plus idée maintenant.

     

    Cela fait cent mille ans qu’ils vivent ainsi, tandis que les civilisations sont beaucoup plus récentes et connaissent toutes le même sort : dominer la nature ou les hommes, accumuler des biens matériels qui donnent du pouvoir pour accumuler encore plus de biens qui donnent encore plus de pouvoir et ainsi de suite jusqu’à ce que la classe dirigeante, ne sachant plus que faire de ses richesses, dégénère et que la civilisation disparaisse. Les peuples autochtones n’éprouvent pas le besoin de dominer. Un cercle politique y prend les décisions par consensus, parce que tous ont le sentiment d’être unis, une place est même laissée aux animaux, aux plantes et aux pierres et, dans les décisions prises, on prend en compte l’ensemble de ceux avec qui la Terre est partagée. La prise en charge des adolescents est faite de telle sorte qu’ils s’épanouissent. Les garçons sont initiés à dominer leur part d’ombre et à la pacifier, à interroger l’univers pour en apprendre leur mission, leur « médecine », à discipliner leur corps, leurs émotions, ils deviennent des adultes aux dons uniques, avec une connaissance de soi qui ne pourra jamais être effacée. Les filles, au moment de leurs premières « lunes » sont considérées comme des personnifications de la déesse mère, ce sont elles qui transmettent les bénédictions de la Mère divine, on vient les voir, les toucher, leur féminité est sacrée. Tout cela vous a été enlevé. Ce n’est pas de parler aux animaux, aux plantes ou aux éléments qui est surnaturel. Ce qui est surnaturel, c’est la façon dont on vit aujourd’hui. Tout ce qui était sain, vrai, honnête, vous a été enlevé. Les peuples autochtones viennent vous rappeler à votre humanité. »

     

    Texte paru dans la revue "Terre du Ciel" n° 66
    Propos recueillis par Anne de Grossouvre
    ÈRE NOUVELLE – Juin 2007
     

    Question : « Depuis un certain nombre d’années, beaucoup d’Indiens d’Amérique viennent en Europe. Pourquoi ? Quel est leur message, leur mission ? »

    Aigle Bleu : « C’est une longue histoire. Nos prophéties nous disaient qu’un jour nous ferions cela. Cinq cents ans avant la venue des Européens, il y eut une grande rencontre dans le nord du Mexique. Tous les hommes-médecine, les chamans, les sages des différentes nations y avaient été conviés pour élaborer une prophétie commune à partir des songes et visions qu’ils avaient commencé à avoir. Cette prophétie annonçait l’arrivée d’un homme étrange, couvert de poils, qui voyagerait sur une coque de noix poussée par une aile d’oiseau. A son arrivée deux choses étaient possibles : soit il écouterait la voix des premières nations et il y aurait de la place pour tout le monde, soit il ne l’écouterait pas et le peuple indien serait détruit comme un arbre qu’on coupe au ras du sol et resterait mort dans la poussière pendant plus de cinq générations. Au bout de ce temps viendrait un moment où les fils et les filles de l’homme étrange qui marchait dans la confusion se mettraient à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Ce serait le signe que serait venu le temps de recommencer à partager ouvertement nos enseignements. La décision avait en effet été prise, pour protéger les enseignements spirituels, de les garder secrets dans une famille choisie à l’intérieur de chaque clan, groupe ou nation.


    Question : « La prophétie ne disait-elle pas que l’homme étrange choisirait la voie de la destruction ? »

    Aigle Bleu : « Elle le prévoyait, mais il ne faut jamais geler une prophétie, il faut toujours laisser une porte ouverte à quelque chose de positif. Toutes nos prophéties sont fignolées comme cela. La destruction a été effroyable, même dès les premiers contacts. 90% de la population a été décimée. Par avarice, les Européens ont relégué les autochtones dans les lieux les plus inhospitaliers et ont mis en place des politiques de génocide qui continuent encore de nos jours. En 1967 est parti de San Francisco le mouvement "hippy" ; les jeunes ont commencé à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Le signal était donné, les familles gardiennes des secrets, qui vivaient cachées dans les montagnes ou les forêts depuis l’arrivée des Européens, ont commencé à repartager leurs enseignements, et notamment avec ces jeunes intéressés par les voies alternatives.

    En 1969 le premier vaisseau spatial habité alunissait, il s’appelait Eagle One ; c’était le deuxième signe, la transformation planétaire commençait, il nous fallait partager nos enseignements pour limiter l’impact de cette purification. La confusion dans laquelle nous vivons est en effet extrême, elle affecte l'ensemble la planète et la destruction peut être totale. Notre objectif est la création d’un réseau de Lumière pour maintenir une cohérence pendant la purification, afin que celle-ci n’aille pas jusqu’à la destruction totale. Depuis 1969 nous voyons bien les signes de cette purification, les catastrophes naturelles notamment, dont les canicules que vous avez commencé à subir. Ces phénomènes sont inéluctables, ils vont augmenter progressivement. La planète, qui pour les Indiens est un être vivant, a besoin de se purifier, il y aura un gros ménage à faire. Il y a des lueurs d’espoir, le peuple indien connaît des façons de purifier la planète au complet, mais notre voix n’est pas écoutée, autrement que par une petite minorité. C’est la raison pour laquelle nous venons enseigner ici aussi. »


    Question : « Comment cela se passe-t-il concrètement, qu’enseignez-vous ? »

    Aigle Bleu : « Nous avons une pratique spirituelle assez développée, certaines nations nous appellent même "les techniciens du spirituel". Nos pratiques de base sont la pratique de la visualisation, des danses et chants sacrés, des offrandes, des rituels, de la méditation. Nous avons adapté des formes spirituelles de base pour que vous puissiez les pratiquer. Lorsque les personnes pratiquent, leur niveau perceptuel augmente et elles deviennent plus aptes à comprendre les messages qui sont donnés par la Nature autour d’elles, à se reconnecter à leur essence, leurs instructions originelles, leurs ancêtres, et avoir accès aux enseignements propres à leur territoire ; car ces enseignements sont toujours là, disponibles, le savoir est là.

    Dans les formations données en Europe, on cherche en premier à mettre en place les bases pour que la personne puisse comprendre dans quel monde elle vit et pourquoi le monde est ainsi, qu’elle puisse comprendre que ce n’est pas un modèle absolu, et que les peuples autochtones, quel que soit leur pays, ont une approche différente. Pour tous ces peuples et quelles que soient les différences de forme dans l’expression, le système de valeurs est le même : partage, communauté, interrelation intime avec toutes les formes de vie sur Terre, possibilité et nécessité de communiquer avec toutes ces formes de vie, sur Terre et au-delà… Beaucoup des premiers colons se sont d’ailleurs laissés séduire par le mode de vie autochtone, c’étaient les « coureurs des bois ».


    Question : « Pour éviter le sentiment de culpabilité qu’un Occidental pourrait ressentir à vous écouter, n’y aurait-il pas, dans ce que vous décrivez, une fatalité, un destin ? D’autres traditions évoquent aussi ce qu’on pourrait appeler une descente de cycle, processus inévitable à toute renaissance ? »

    Aigle Bleu : « La notion de culpabilité est quelque chose d’installé par la tradition judéo-chrétienne et qui sert à contrôler le peuple. Cela n’existe pas dans notre façon de fonctionner. Lorsque les gens font des erreurs, ils prennent la responsabilité de ce qu’ils ont fait, ils font amende honorable et ils paient, ils changent, ils changent aussi la situation, ils ont alors une part active, ils apportent des correctifs. Il n’y a pas place pour la culpabilité, il y a place pour la responsabilisation. Que cette évolution du monde ait été inéluctable, je ne le pense pas. La conscience d’un être humain peut toujours se transformer, on n’est jamais astreint à être dans l’obscurité et dans l’ignorance. Chacun, à chaque moment de sa vie, peut choisir la Lumière, la Connaissance, la Vérité, l’Harmonie, l’Amour. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une telle multiplication des forces de l’Obscurité qu’elles sont en train de détruire tout, jusqu’au tissu intérieur de l’être humain. Mais je ne pense pas que c’est inéluctable, c’est un choix. Le regarder comme une fatalité, c’est encore une façon de s’en sauver, ça ne guérit rien. Pour pouvoir apporter des correctifs, il faut comprendre la responsabilité que chaque être a dans l’état du monde dans lequel nous vivons. On fait partie du problème ou on fait partie de la solution, on ne peut pas être entre les deux. »


    Question : « De nos jours, en Occident, on sent les prémices d’un changement, de plus en plus de gens s’intéressent au devenir de la planète et sont prêts à changer. Qu’est-ce qui manque aux Occidentaux pour réussir ? »

    Aigle Bleu : « Premièrement, la pratique spirituelle. Dans notre vision de l’être humain, la pratique spirituelle est ce qui définit l’homme. Un être humain sans pratique spirituelle, ce n’est pas un être humain, c’est un être inférieur aux animaux, aux plantes, qui eux, ont une pratique spirituelle ; ils font toujours la volonté du Créateur, ils ne dévient pas de la voie que le Créateur a inscrite en eux par les instructions originelles. L’homme a cette possibilité de choisir de marcher sur une voie qui n’est pas bonne, c’est pour cela qu’il doit discipliner son esprit pour faire le bon choix, et cette discipline, nous l’appelons pratique spirituelle. Beaucoup de gens, ou bien n’ont pas de pratique spirituelle, ou en ont qui ne sont pas efficaces, qui sont basées sur des croyances. Nous n’avons jamais fonctionné avec des croyances, c’est la connaissance qui est importante. Quand on sait quelque chose, on est
    inébranlable, alors qu’on peut toujours perdre la foi.



    La pratique spirituelle est ce qui définit l'homme.


    Je commence toujours mes conférences par ces mots : « Ne croyez rien de ce que je vous dis, vérifiez, vérifiez… » C’est pourquoi la pratique spirituelle est essentielle, parce qu’il faut faire l’expérience. Un de mes Maîtres disait : « Ne me parle pas d’une philosophie qui n’enseigne pas comment faire pousser le maïs. » Il voulait dire qu’il faut que cela puisse être mis en pratique dans le quotidien. Ta spiritualité doit être appliquée dans le travail, dans ta relation à l’autre, dans ta façon de faire l’amour, dans tout, sans quoi ce n’est pas une philosophie holistique. La spiritualité doit donner des réponses dans ta vie, alors tu sais qu’elle est vraie et elle devient une connaissance. La première chose qui manque ici, c’est cette connaissance qui naît de la pratique. La deuxième chose qui manque, c’est le courage de l’appliquer. Les gens ont peur. Quand ils réalisent à quel point on a détruit la planète, à quel point on est dans l’erreur, la somme de travail à faire les décourage complètement. La culpabilité, pour y revenir, fige tout, plus rien ne bouge, tu ne sais plus quoi faire, c’est comme si tout ton être était inadéquat. Mais nous sommes tous parfaits, nous sommes des images du divin. Une fois qu’on a vu, qu’on a compris, il faut avoir le courage d’avancer. Dans nos cultures, le courage était enseigné. »


    Question : « Vous avez dit que, par la pratique spirituelle, les perceptions s’affinaient et que nous pouvions nous reconnecter alors avec les forces vives de notre famille d’origine, que nos ancêtres étaient toujours là pour nous, porteurs de messages. Vous avez eu l’expérience de cela ? »

    Aigle Bleu : « Oui, c’est arrivé lors d’un voyage en Allemagne. J’avais été invité à visiter l’Université de Zegg. Les organisateurs avaient érigé une grande tente à l’extérieur pour les repas. Lors d’un repas, j’ai vu entrer une forme subtile avec une tunique blanche et une grande barbe. Il est arrivé directement sur moi et a exprimé le désir de me parler. En plein repas, je ne pouvais pas, j’étais là à regarder dans les airs alors que les autres me parlaient. Je lui ai donné rendez-vous dans le parc. A peine étais-je sorti qu’il arriva. Je l’ai fait patienter, le temps de me mettre dans l’attitude juste pour l’écouter et le comprendre. L’ancêtre m’a alors expliqué qu’il portait depuis des siècles l’enseignement lié à ce lieu pour qu’il ne se perde pas et que, pour la première fois, il y avait une communauté réunie là à qui il pouvait le transmettre, car les enseignements ne peuvent se transmettre qu’à une communauté susceptible de les mettre en pratique, selon le mode de vie traditionnel autochtone.

    Mais, ajouta-t-il, personne ne semblait le voir et il comptait sur moi. Cela n’a pas été une mince affaire. Les gens réunis là n’étaient pas nécessairement dans un cheminement spirituel, ils faisaient des expériences sociales. Ils ont cependant accepté de rencontrer l’ancêtre. Je les ai emmenés à l’extérieur et j’ai fait la cérémonie que m’avait indiquée l’ancêtre. Pour lui, et les siens, l’offrande consistait à verser du miel sur une feuille de bouleau. C’est devenu logique par la suite pour moi, quand j’ai compris que tout le symbolisme européen est basé sur les fleurs, alors que le nôtre est basé sur les animaux. Sur les quarante personnes présentes, trente-neuf ont ressenti quelque chose, à des niveaux différents, de la simple perception d’une présence à la perception d’informations sur diverses choses. L’information est là, inscrite dans les arbres, dans les pierres, partout dans la terre. Les principes spirituels de base sont disponibles, c’est simple ; c’est de les mettre en pratique qui ne l’est pas. Les gens ont tous subi un lessivage de cerveau depuis la naissance pour les empêcher d’être autonomes parce que les pouvoirs en place ont intérêt à ce qu’ils ne le soient pas. Les gens autonomes deviendraient objecteurs de conscience, ils n’achèteraient plus le système. C’est l’asservissement de l’espèce humaine qui est recherchée par ce système. »





    Question : « Ce système, que vous évoquez, est un système organisé par des hommes. On a peine à imaginer autant de noirceur dans le cœur d’êtres humains… »

    Aigle Bleu : « Mais c’est en nous. Il est important de voir que c’est à l’intérieur de nous que cela se joue aussi. En voulant ignorer la noirceur que l’on porte à l’intérieur de soi, on lui donne libre jeu. Il faut se confronter à l’ombre qui est en nous. Nous avons une pratique pour cela, une façon d’amener chaque être humain à vraiment comprendre qui il est véritablement, à faire face à cela, à l’intégrer. L’ombre fait partie de tous les êtres humains et en voulant l’ignorer tu lui donnes libre jeu de te manipuler, et alors tu es vite charrié par tes émotions, tes conditionnements, et tu es manipulé par ce que tu n’as pas voulu regarder. »


    Question : « Nous avons la possibilité de nous reconnecter avec notre "famille d’origine", avez-vous dit. S’agit-il pour nous des Celtes et des druides ? »

    Aigle Bleu : « Peu importe de quelle nation ils sont. Il faut être conscient que nous construisons présentement ce que mon peuple appelait, dans la prophétie, « le Pont de l’Arc-en-Ciel », qui mène à la création de la nation Arc-en-Ciel, qui est formée par les quatre couleurs de l’humanité, qui se mélangent et qui constituent une humanité unique. D’après notre compréhension, toutes les spiritualités du monde vont se fondre ensemble et en former une nouvelle qui tire le meilleur de tous les différents aspects de chacune, pour qu’il y ait une
    seule conscience d’humanité, chacune bien sûr conservant son identité propre pour ce qui est des rites et des traditions culturelles… La philosophie de base, ainsi que certaines techniques bonnes pour tous, seront les mêmes partout. Il y a vraiment une évolution très puissante qui prend place pour l’humanité présentement et cela se conçoit par la fusion de toutes les formes spirituelles que porte la Terre, sans que cela d’ailleurs aboutisse à la confusion. C’est encore à faire, mais nous sommes arrivés au pied du pont ! »


    Question : « Vous avez dit que la transmission passait obligatoirement par une communauté. Nous sommes relativement peu dans cet état d’esprit en Europe. Comment cela pourra-t-il se passer ? »

    Aigle Bleu : « Chaque fois qu’il y a un stage, une communauté spirituelle s’instaure. On peut renforcer le processus par des pratiques, les gens vivent là des choses intenses, des expériences, il se dégage beaucoup de chaleur humaine lors des ateliers de pratique. Une fois qu’on a goûté à cela, le quotidien semble bien morne et terne. La société, la civilisation telles que nous les connaissons doivent disparaître, parce que ce sont des formes qui abêtissent et asservissent l’homme. Les pouvoirs en place cherchent consciemment à décourager les gens de vivre cela au moyen d’une propagande très bien organisée, par exemple contre les sectes, pour que les gens aient peur de la notion communautaire. Mais dès que les gens en ont fait par eux-mêmes l’expérience il n’y a plus besoin d’explication, c’est ressenti de l’intérieur. Il faudra aussi en arriver à l’établissement de véritables communautés. Personne ne peut avoir une activité assez développée pour fournir tout ce dont il a besoin pour vivre, que ce soit les aliments, les vêtements ou l’habitation. Il faut un noyau de personnes pour produire tous ces fruits-là, mais il faut les produire directement de la nature. Pour nous, c’est une des conditions qui mènent à la santé parfaite.

    Ton activité quotidienne doit avoir un rapport direct avec la manière dont tu te nourris, tu t’habilles, tu t’abrites. Il ne faut pas que des personnes que tu ne connais pas, et qui n’ont avec toi qu’une relation économique, te fournissent ces biens-là, parce qu’alors cela devient anonyme et complètement dévitalisé. S’il n’y a pas de rapport entre la vie que les gens mènent et ce qu’ils mangent le soir, s’il n’y a pas de relation entre ce qu’ils font dans la journée et la maison dans laquelle ils dorment, ils sont comme aliénés de leur propre environnement, il leur manque des liens. C’est ce qui fait que les gens sont de plus en plus des automates. Dans les grandes villes, dans les transports en commun, ça saute aux yeux, il y a beaucoup de carcasses, mais il n’y a personne dedans. Les gens sont ailleurs, ils ne sont pas là. Ils sont dans la musique dans leurs oreilles. Tu leur dis bonjour et ils te regardent comme si tu étais un extraterrestre. Le mode de vie autochtone est très simple, les besoins ne sont pas compliqués. Les gens, dans les nations autochtones, travaillent trois à quatre heures par jour, et c’est suffisant. Aujourd’hui les gens courent du matin au soir et on appelle cela le progrès ! »





    Question : « Peut-on faire marche arrière vers ce mode de vie simple, renoncer à toute la technologie, à sa sophistication qui nous éloigne du mode de vie communautaire ? »

    Aigle Bleu : « La technologie est utile dans la mesure où elle va servir l’épanouissement spirituel de l’être humain, mais elle n’est pas nécessaire dans la vie quotidienne. Elle peut être importante par exemple pour emmagasiner la connaissance, pour permettre la communication entre les différentes communautés, pour créer le réseau de lumière qui va permettre à l’humanité de fonctionner comme une seule entité, pour dépasser les limites planétaires également et nous relier à plus vaste. A ce niveau, c’est une technologie intéressante. De plus, elle ne devrait être disponible que pour ceux qui ont démontré, par leurs activités, qu’ils sont en mesure de l’utiliser pour le plus grand bien de tous. Si on vit dans la nature, on n’a pas besoin de toute cette technologie, on n’a pas besoin non plus de travailler aussi fort. De toute façon, les hommes y reviendront parce qu’ils n’auront pas le choix. Il en va de leur survie. Sur tous les continents il y a des peuples autochtones qui vivent de cette manière. Tant qu’ils ne sont pas découverts, ils poursuivent leur mode de vie parce que c’est intéressant, chaleureux, parce que c’est une liberté totale, dont les gens n’ont même plus idée maintenant.

    Cela fait cent mille ans qu’ils vivent ainsi, tandis que les civilisations sont beaucoup plus récentes et connaissent toutes le même sort : dominer la nature ou les hommes, accumuler des biens matériels qui donnent du pouvoir pour accumuler encore plus de biens qui donnent encore plus de pouvoir et ainsi de suite jusqu’à ce que la classe dirigeante, ne sachant plus que faire de ses richesses, dégénère et que la civilisation disparaisse. Les peuples autochtones n’éprouvent pas le besoin de dominer. Un cercle politique y prend les décisions par consensus, parce que tous ont le sentiment d’être unis, une place est même laissée aux animaux, aux plantes et aux pierres et, dans les décisions prises, on prend en compte l’ensemble de ceux avec qui la Terre est partagée. La prise en charge des adolescents est faite de telle sorte qu’ils s’épanouissent. Les garçons sont initiés à dominer leur part d’ombre et à la pacifier, à interroger l’univers pour en apprendre leur mission, leur « médecine », à discipliner leur corps, leurs émotions, ils deviennent des adultes aux dons uniques, avec une connaissance de soi qui ne pourra jamais être effacée. Les filles, au moment de leurs premières « lunes » sont considérées comme des personnifications de la déesse mère, ce sont elles qui transmettent les bénédictions de la Mère divine, on vient les voir, les toucher, leur féminité est sacrée. Tout cela vous a été enlevé. Ce n’est pas de parler aux animaux, aux plantes ou aux éléments qui est surnaturel. Ce qui est surnaturel, c’est la façon dont on vit aujourd’hui. Tout ce qui était sain, vrai, honnête, vous a été enlevé. Les peuples autochtones viennent vous rappeler à votre humanité. »


    Texte paru dans la revue "Terre du Ciel" n° 66
    Propos recueillis par Anne de Grossouvre
    ÈRE NOUVELLE – Juin 2007
     

    Question : « Depuis un certain nombre d’années, beaucoup d’Indiens d’Amérique viennent en Europe. Pourquoi ? Quel est leur message, leur mission ? »

    Aigle Bleu : « C’est une longue histoire. Nos prophéties nous disaient qu’un jour nous ferions cela. Cinq cents ans avant la venue des Européens, il y eut une grande rencontre dans le nord du Mexique. Tous les hommes-médecine, les chamans, les sages des différentes nations y avaient été conviés pour élaborer une prophétie commune à partir des songes et visions qu’ils avaient commencé à avoir. Cette prophétie annonçait l’arrivée d’un homme étrange, couvert de poils, qui voyagerait sur une coque de noix poussée par une aile d’oiseau. A son arrivée deux choses étaient possibles : soit il écouterait la voix des premières nations et il y aurait de la place pour tout le monde, soit il ne l’écouterait pas et le peuple indien serait détruit comme un arbre qu’on coupe au ras du sol et resterait mort dans la poussière pendant plus de cinq générations. Au bout de ce temps viendrait un moment où les fils et les filles de l’homme étrange qui marchait dans la confusion se mettraient à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Ce serait le signe que serait venu le temps de recommencer à partager ouvertement nos enseignements. La décision avait en effet été prise, pour protéger les enseignements spirituels, de les garder secrets dans une famille choisie à l’intérieur de chaque clan, groupe ou nation.


    Question : « La prophétie ne disait-elle pas que l’homme étrange choisirait la voie de la destruction ? »

    Aigle Bleu : « Elle le prévoyait, mais il ne faut jamais geler une prophétie, il faut toujours laisser une porte ouverte à quelque chose de positif. Toutes nos prophéties sont fignolées comme cela. La destruction a été effroyable, même dès les premiers contacts. 90% de la population a été décimée. Par avarice, les Européens ont relégué les autochtones dans les lieux les plus inhospitaliers et ont mis en place des politiques de génocide qui continuent encore de nos jours. En 1967 est parti de San Francisco le mouvement "hippy" ; les jeunes ont commencé à s’habiller comme les Indiens et à parler aux abeilles et aux fleurs. Le signal était donné, les familles gardiennes des secrets, qui vivaient cachées dans les montagnes ou les forêts depuis l’arrivée des Européens, ont commencé à repartager leurs enseignements, et notamment avec ces jeunes intéressés par les voies alternatives.

    En 1969 le premier vaisseau spatial habité alunissait, il s’appelait Eagle One ; c’était le deuxième signe, la transformation planétaire commençait, il nous fallait partager nos enseignements pour limiter l’impact de cette purification. La confusion dans laquelle nous vivons est en effet extrême, elle affecte l'ensemble la planète et la destruction peut être totale. Notre objectif est la création d’un réseau de Lumière pour maintenir une cohérence pendant la purification, afin que celle-ci n’aille pas jusqu’à la destruction totale. Depuis 1969 nous voyons bien les signes de cette purification, les catastrophes naturelles notamment, dont les canicules que vous avez commencé à subir. Ces phénomènes sont inéluctables, ils vont augmenter progressivement. La planète, qui pour les Indiens est un être vivant, a besoin de se purifier, il y aura un gros ménage à faire. Il y a des lueurs d’espoir, le peuple indien connaît des façons de purifier la planète au complet, mais notre voix n’est pas écoutée, autrement que par une petite minorité. C’est la raison pour laquelle nous venons enseigner ici aussi. »


    Question : « Comment cela se passe-t-il concrètement, qu’enseignez-vous ? »

    Aigle Bleu : « Nous avons une pratique spirituelle assez développée, certaines nations nous appellent même "les techniciens du spirituel". Nos pratiques de base sont la pratique de la visualisation, des danses et chants sacrés, des offrandes, des rituels, de la méditation. Nous avons adapté des formes spirituelles de base pour que vous puissiez les pratiquer. Lorsque les personnes pratiquent, leur niveau perceptuel augmente et elles deviennent plus aptes à comprendre les messages qui sont donnés par la Nature autour d’elles, à se reconnecter à leur essence, leurs instructions originelles, leurs ancêtres, et avoir accès aux enseignements propres à leur territoire ; car ces enseignements sont toujours là, disponibles, le savoir est là.

    Dans les formations données en Europe, on cherche en premier à mettre en place les bases pour que la personne puisse comprendre dans quel monde elle vit et pourquoi le monde est ainsi, qu’elle puisse comprendre que ce n’est pas un modèle absolu, et que les peuples autochtones, quel que soit leur pays, ont une approche différente. Pour tous ces peuples et quelles que soient les différences de forme dans l’expression, le système de valeurs est le même : partage, communauté, interrelation intime avec toutes les formes de vie sur Terre, possibilité et nécessité de communiquer avec toutes ces formes de vie, sur Terre et au-delà… Beaucoup des premiers colons se sont d’ailleurs laissés séduire par le mode de vie autochtone, c’étaient les « coureurs des bois ».


    Question : « Pour éviter le sentiment de culpabilité qu’un Occidental pourrait ressentir à vous écouter, n’y aurait-il pas, dans ce que vous décrivez, une fatalité, un destin ? D’autres traditions évoquent aussi ce qu’on pourrait appeler une descente de cycle, processus inévitable à toute renaissance ? »

    Aigle Bleu : « La notion de culpabilité est quelque chose d’installé par la tradition judéo-chrétienne et qui sert à contrôler le peuple. Cela n’existe pas dans notre façon de fonctionner. Lorsque les gens font des erreurs, ils prennent la responsabilité de ce qu’ils ont fait, ils font amende honorable et ils paient, ils changent, ils changent aussi la situation, ils ont alors une part active, ils apportent des correctifs. Il n’y a pas place pour la culpabilité, il y a place pour la responsabilisation. Que cette évolution du monde ait été inéluctable, je ne le pense pas. La conscience d’un être humain peut toujours se transformer, on n’est jamais astreint à être dans l’obscurité et dans l’ignorance. Chacun, à chaque moment de sa vie, peut choisir la Lumière, la Connaissance, la Vérité, l’Harmonie, l’Amour. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une telle multiplication des forces de l’Obscurité qu’elles sont en train de détruire tout, jusqu’au tissu intérieur de l’être humain. Mais je ne pense pas que c’est inéluctable, c’est un choix. Le regarder comme une fatalité, c’est encore une façon de s’en sauver, ça ne guérit rien. Pour pouvoir apporter des correctifs, il faut comprendre la responsabilité que chaque être a dans l’état du monde dans lequel nous vivons. On fait partie du problème ou on fait partie de la solution, on ne peut pas être entre les deux. »


    Question : « De nos jours, en Occident, on sent les prémices d’un changement, de plus en plus de gens s’intéressent au devenir de la planète et sont prêts à changer. Qu’est-ce qui manque aux Occidentaux pour réussir ? »

    Aigle Bleu : « Premièrement, la pratique spirituelle. Dans notre vision de l’être humain, la pratique spirituelle est ce qui définit l’homme. Un être humain sans pratique spirituelle, ce n’est pas un être humain, c’est un être inférieur aux animaux, aux plantes, qui eux, ont une pratique spirituelle ; ils font toujours la volonté du Créateur, ils ne dévient pas de la voie que le Créateur a inscrite en eux par les instructions originelles. L’homme a cette possibilité de choisir de marcher sur une voie qui n’est pas bonne, c’est pour cela qu’il doit discipliner son esprit pour faire le bon choix, et cette discipline, nous l’appelons pratique spirituelle. Beaucoup de gens, ou bien n’ont pas de pratique spirituelle, ou en ont qui ne sont pas efficaces, qui sont basées sur des croyances. Nous n’avons jamais fonctionné avec des croyances, c’est la connaissance qui est importante. Quand on sait quelque chose, on est
    inébranlable, alors qu’on peut toujours perdre la foi.



    La pratique spirituelle est ce qui définit l'homme.


    Je commence toujours mes conférences par ces mots : « Ne croyez rien de ce que je vous dis, vérifiez, vérifiez… » C’est pourquoi la pratique spirituelle est essentielle, parce qu’il faut faire l’expérience. Un de mes Maîtres disait : « Ne me parle pas d’une philosophie qui n’enseigne pas comment faire pousser le maïs. » Il voulait dire qu’il faut que cela puisse être mis en pratique dans le quotidien. Ta spiritualité doit être appliquée dans le travail, dans ta relation à l’autre, dans ta façon de faire l’amour, dans tout, sans quoi ce n’est pas une philosophie holistique. La spiritualité doit donner des réponses dans ta vie, alors tu sais qu’elle est vraie et elle devient une connaissance. La première chose qui manque ici, c’est cette connaissance qui naît de la pratique. La deuxième chose qui manque, c’est le courage de l’appliquer. Les gens ont peur. Quand ils réalisent à quel point on a détruit la planète, à quel point on est dans l’erreur, la somme de travail à faire les décourage complètement. La culpabilité, pour y revenir, fige tout, plus rien ne bouge, tu ne sais plus quoi faire, c’est comme si tout ton être était inadéquat. Mais nous sommes tous parfaits, nous sommes des images du divin. Une fois qu’on a vu, qu’on a compris, il faut avoir le courage d’avancer. Dans nos cultures, le courage était enseigné. »


    Question : « Vous avez dit que, par la pratique spirituelle, les perceptions s’affinaient et que nous pouvions nous reconnecter alors avec les forces vives de notre famille d’origine, que nos ancêtres étaient toujours là pour nous, porteurs de messages. Vous avez eu l’expérience de cela ? »

    Aigle Bleu : « Oui, c’est arrivé lors d’un voyage en Allemagne. J’avais été invité à visiter l’Université de Zegg. Les organisateurs avaient érigé une grande tente à l’extérieur pour les repas. Lors d’un repas, j’ai vu entrer une forme subtile avec une tunique blanche et une grande barbe. Il est arrivé directement sur moi et a exprimé le désir de me parler. En plein repas, je ne pouvais pas, j’étais là à regarder dans les airs alors que les autres me parlaient. Je lui ai donné rendez-vous dans le parc. A peine étais-je sorti qu’il arriva. Je l’ai fait patienter, le temps de me mettre dans l’attitude juste pour l’écouter et le comprendre. L’ancêtre m’a alors expliqué qu’il portait depuis des siècles l’enseignement lié à ce lieu pour qu’il ne se perde pas et que, pour la première fois, il y avait une communauté réunie là à qui il pouvait le transmettre, car les enseignements ne peuvent se transmettre qu’à une communauté susceptible de les mettre en pratique, selon le mode de vie traditionnel autochtone.

    Mais, ajouta-t-il, personne ne semblait le voir et il comptait sur moi. Cela n’a pas été une mince affaire. Les gens réunis là n’étaient pas nécessairement dans un cheminement spirituel, ils faisaient des expériences sociales. Ils ont cependant accepté de rencontrer l’ancêtre. Je les ai emmenés à l’extérieur et j’ai fait la cérémonie que m’avait indiquée l’ancêtre. Pour lui, et les siens, l’offrande consistait à verser du miel sur une feuille de bouleau. C’est devenu logique par la suite pour moi, quand j’ai compris que tout le symbolisme européen est basé sur les fleurs, alors que le nôtre est basé sur les animaux. Sur les quarante personnes présentes, trente-neuf ont ressenti quelque chose, à des niveaux différents, de la simple perception d’une présence à la perception d’informations sur diverses choses. L’information est là, inscrite dans les arbres, dans les pierres, partout dans la terre. Les principes spirituels de base sont disponibles, c’est simple ; c’est de les mettre en pratique qui ne l’est pas. Les gens ont tous subi un lessivage de cerveau depuis la naissance pour les empêcher d’être autonomes parce que les pouvoirs en place ont intérêt à ce qu’ils ne le soient pas. Les gens autonomes deviendraient objecteurs de conscience, ils n’achèteraient plus le système. C’est l’asservissement de l’espèce humaine qui est recherchée par ce système. »





    Question : « Ce système, que vous évoquez, est un système organisé par des hommes. On a peine à imaginer autant de noirceur dans le cœur d’êtres humains… »

    Aigle Bleu : « Mais c’est en nous. Il est important de voir que c’est à l’intérieur de nous que cela se joue aussi. En voulant ignorer la noirceur que l’on porte à l’intérieur de soi, on lui donne libre jeu. Il faut se confronter à l’ombre qui est en nous. Nous avons une pratique pour cela, une façon d’amener chaque être humain à vraiment comprendre qui il est véritablement, à faire face à cela, à l’intégrer. L’ombre fait partie de tous les êtres humains et en voulant l’ignorer tu lui donnes libre jeu de te manipuler, et alors tu es vite charrié par tes émotions, tes conditionnements, et tu es manipulé par ce que tu n’as pas voulu regarder. »


    Question : « Nous avons la possibilité de nous reconnecter avec notre "famille d’origine", avez-vous dit. S’agit-il pour nous des Celtes et des druides ? »

    Aigle Bleu : « Peu importe de quelle nation ils sont. Il faut être conscient que nous construisons présentement ce que mon peuple appelait, dans la prophétie, « le Pont de l’Arc-en-Ciel », qui mène à la création de la nation Arc-en-Ciel, qui est formée par les quatre couleurs de l’humanité, qui se mélangent et qui constituent une humanité unique. D’après notre compréhension, toutes les spiritualités du monde vont se fondre ensemble et en former une nouvelle qui tire le meilleur de tous les différents aspects de chacune, pour qu’il y ait une
    seule conscience d’humanité, chacune bien sûr conservant son identité propre pour ce qui est des rites et des traditions culturelles… La philosophie de base, ainsi que certaines techniques bonnes pour tous, seront les mêmes partout. Il y a vraiment une évolution très puissante qui prend place pour l’humanité présentement et cela se conçoit par la fusion de toutes les formes spirituelles que porte la Terre, sans que cela d’ailleurs aboutisse à la confusion. C’est encore à faire, mais nous sommes arrivés au pied du pont ! »


    Question : « Vous avez dit que la transmission passait obligatoirement par une communauté. Nous sommes relativement peu dans cet état d’esprit en Europe. Comment cela pourra-t-il se passer ? »

    Aigle Bleu : « Chaque fois qu’il y a un stage, une communauté spirituelle s’instaure. On peut renforcer le processus par des pratiques, les gens vivent là des choses intenses, des expériences, il se dégage beaucoup de chaleur humaine lors des ateliers de pratique. Une fois qu’on a goûté à cela, le quotidien semble bien morne et terne. La société, la civilisation telles que nous les connaissons doivent disparaître, parce que ce sont des formes qui abêtissent et asservissent l’homme. Les pouvoirs en place cherchent consciemment à décourager les gens de vivre cela au moyen d’une propagande très bien organisée, par exemple contre les sectes, pour que les gens aient peur de la notion communautaire. Mais dès que les gens en ont fait par eux-mêmes l’expérience il n’y a plus besoin d’explication, c’est ressenti de l’intérieur. Il faudra aussi en arriver à l’établissement de véritables communautés. Personne ne peut avoir une activité assez développée pour fournir tout ce dont il a besoin pour vivre, que ce soit les aliments, les vêtements ou l’habitation. Il faut un noyau de personnes pour produire tous ces fruits-là, mais il faut les produire directement de la nature. Pour nous, c’est une des conditions qui mènent à la santé parfaite.

    Ton activité quotidienne doit avoir un rapport direct avec la manière dont tu te nourris, tu t’habilles, tu t’abrites. Il ne faut pas que des personnes que tu ne connais pas, et qui n’ont avec toi qu’une relation économique, te fournissent ces biens-là, parce qu’alors cela devient anonyme et complètement dévitalisé. S’il n’y a pas de rapport entre la vie que les gens mènent et ce qu’ils mangent le soir, s’il n’y a pas de relation entre ce qu’ils font dans la journée et la maison dans laquelle ils dorment, ils sont comme aliénés de leur propre environnement, il leur manque des liens. C’est ce qui fait que les gens sont de plus en plus des automates. Dans les grandes villes, dans les transports en commun, ça saute aux yeux, il y a beaucoup de carcasses, mais il n’y a personne dedans. Les gens sont ailleurs, ils ne sont pas là. Ils sont dans la musique dans leurs oreilles. Tu leur dis bonjour et ils te regardent comme si tu étais un extraterrestre. Le mode de vie autochtone est très simple, les besoins ne sont pas compliqués. Les gens, dans les nations autochtones, travaillent trois à quatre heures par jour, et c’est suffisant. Aujourd’hui les gens courent du matin au soir et on appelle cela le progrès ! »





    Question : « Peut-on faire marche arrière vers ce mode de vie simple, renoncer à toute la technologie, à sa sophistication qui nous éloigne du mode de vie communautaire ? »

    Aigle Bleu : « La technologie est utile dans la mesure où elle va servir l’épanouissement spirituel de l’être humain, mais elle n’est pas nécessaire dans la vie quotidienne. Elle peut être importante par exemple pour emmagasiner la connaissance, pour permettre la communication entre les différentes communautés, pour créer le réseau de lumière qui va permettre à l’humanité de fonctionner comme une seule entité, pour dépasser les limites planétaires également et nous relier à plus vaste. A ce niveau, c’est une technologie intéressante. De plus, elle ne devrait être disponible que pour ceux qui ont démontré, par leurs activités, qu’ils sont en mesure de l’utiliser pour le plus grand bien de tous. Si on vit dans la nature, on n’a pas besoin de toute cette technologie, on n’a pas besoin non plus de travailler aussi fort. De toute façon, les hommes y reviendront parce qu’ils n’auront pas le choix. Il en va de leur survie. Sur tous les continents il y a des peuples autochtones qui vivent de cette manière. Tant qu’ils ne sont pas découverts, ils poursuivent leur mode de vie parce que c’est intéressant, chaleureux, parce que c’est une liberté totale, dont les gens n’ont même plus idée maintenant.

    Cela fait cent mille ans qu’ils vivent ainsi, tandis que les civilisations sont beaucoup plus récentes et connaissent toutes le même sort : dominer la nature ou les hommes, accumuler des biens matériels qui donnent du pouvoir pour accumuler encore plus de biens qui donnent encore plus de pouvoir et ainsi de suite jusqu’à ce que la classe dirigeante, ne sachant plus que faire de ses richesses, dégénère et que la civilisation disparaisse. Les peuples autochtones n’éprouvent pas le besoin de dominer. Un cercle politique y prend les décisions par consensus, parce que tous ont le sentiment d’être unis, une place est même laissée aux animaux, aux plantes et aux pierres et, dans les décisions prises, on prend en compte l’ensemble de ceux avec qui la Terre est partagée. La prise en charge des adolescents est faite de telle sorte qu’ils s’épanouissent. Les garçons sont initiés à dominer leur part d’ombre et à la pacifier, à interroger l’univers pour en apprendre leur mission, leur « médecine », à discipliner leur corps, leurs émotions, ils deviennent des adultes aux dons uniques, avec une connaissance de soi qui ne pourra jamais être effacée. Les filles, au moment de leurs premières « lunes » sont considérées comme des personnifications de la déesse mère, ce sont elles qui transmettent les bénédictions de la Mère divine, on vient les voir, les toucher, leur féminité est sacrée. Tout cela vous a été enlevé. Ce n’est pas de parler aux animaux, aux plantes ou aux éléments qui est surnaturel. Ce qui est surnaturel, c’est la façon dont on vit aujourd’hui. Tout ce qui était sain, vrai, honnête, vous a été enlevé. Les peuples autochtones viennent vous rappeler à votre humanité. »


    Texte paru dans la revue "Terre du Ciel" n° 66
    Propos recueillis par Anne de Grossouvre
    ÈRE NOUVELLE – Juin 2007
     

    kévin Grossi

    la plus belle des vérité c'est celle qui vien du coeur


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